Vous ne parlez pas des dégâts causés aux hêtres par Arsène Lepic :
qu’en est-il ?
M. Labbé

Il faut bien reconnaître que la présence d’un trou de Pic peut condamner l’arbre à long terme. Même si le Pic noir ne perce que des ébauches (parfois limitées à un simple écorçage), ces dernières, comme les loges, sont la porte ouverte à divers agents qui affectent l’arbre : l’eau de ruissellement, les champignons, les insectes… Les matériaux qui s’accumulent au fond des nids finissent par se décomposer et par pourrir.

D’autre part, comme l’illustre la Hulotte à la page 39 du n 82, la présence d’un trou de pic noir augmente nettement le risque de cassure du tronc en cas de fort coup de vent.

Cela dit :
- la pourriture n’apparaît qu’au bout de plusieurs années, et un arbre avec un trou de pic ne périt pas rapidement,
-  étant donné que le creusement d’une loge affecte principalement le cœur de l’arbre - donc la partie morte du bois qui sert surtout de support à l’arbre - la vie de ce dernier n’est pas gravement  affectée. Des arbres portant plusieurs loges de Pic noir gardent un feuillage d’une densité normale.
- en général, à moins d’être percé de plusieurs cavités très importantes, un arbre utilisé par le Pic noir n’est pas totalement perdu pour l’industrie, et il reste des portions de fût commercialisables.
- quand le Pic noir a creusé un nid dans un arbre, il ne va pas l’abandonner rapidement. Non seulement il est fidèle à son nid et peut y revenir plusieurs années de suite, mais de plus il s’attache aussi aux arbres où il n’a effectué que quelques ébauches de trous. Ces derniers constitueront un pôle attractif, et le même Pic ou d’autres y creuseront leurs trous par la suite.
Au final, étant donné la densité de population du Pic noir, peu d’arbres seront endommagés (surtout si on laisse sur pied les hêtres qui sont déjà “attaqués” par l’oiseau).
On peut considérer que le Pic noir a tout au long de l’année une action positive en forêt, et que - " tout travail méritant salaire " - les forestiers peuvent accepter de lui sacrifier un ou deux hêtres (voire 3 ou 4) pour 100 ha..