En tant que technicien forestier dans des forêts privées d’Auvergne, la famille Lepic accompagnait souvent mes visites. Pour les remercier de leur charmante compagnie, je m’efforçais d’épargner tous les arbres «à loges» lors du martelage des coupes.
J’expliquais à mes collègues que M. Lepic ne s’intéresse qu’aux arbres malades. Cela permettait de justifier leur conservation car un arbre abîmé déprécie toujours un lot de bois «marchand». Le martelage étant réalisé avec un marteau forestier, le coup porté sur le tronc renvoie une résonance qui se différencie nettement sur un arbre malade.
Hélas, je viens d’apprendre dans votre journal que M. Lepic fait son nid dans les arbres sains ! Je crois qu’il serait préférable de ne pas trop ébruiter cette affaire du côté des forestiers. Pour ma part, je m’aperçois que ma sélection d’arbres malades «par résonance» n’est plus d’aucune utilité...
F. Lefèvre

Le Pic est capable de creuser un arbre sain et pourtant les spécialistes s'accordent pour recommander de laisser sur pied les arbres "à loges".
En effet, si on les abat, le Pic noir va en effet s’attaquer à d’autres troncs de forte taille, auxquels il ne se serait peut-être pas intéressé autrement.
A l’inverse, si l’on conserve les arbres déjà troués, le Pic noir continuera le plus souvent à utiliser ses anciennes loges, comme il aime à le faire, ou il en creusera d’autres dans le même tronc.
Ce qui, comme le montre le n° 83 de la Hulotte, enrichit la biodiversité de la forêt.