Les araignées sont-elles susceptibles de « piquer » les humains, dans un acte de défense ou d’agression ?
Pour moi, les araignées, qui sont des arachnides, peuvent injecter (certaines en tout cas) un venin visant à immobiliser la proie et à la prédigérer (Vous me corrigerez si je me trompe, je ne suis pas professeur de sciences). Cependant, certaines mygales ou Veuves noires sont connues pour avoir infligé à l’homme des blessures non négligeables, pouvant aller jusqu’à la gangrène et la mort. Les araignées européennes sont-elles susceptibles d’occasionner un trouble quelconque aux humains ?
Dernièrement, ma fille, allergique aux piqûres de moustiques, nous montrait une piqûre et un gonflement sur son bras ; mon frère accusa les araignées en prétendant qu’il n’y avait plus de moustiques en automne (il se trompait, mon mari le lui prouva en lui amenant le cadavre tout frais de l’un d’eux) ; mon mari supplia qu’on laissât les araignées tranquilles, soutenant qu’elles ne pouvaient être responsables de ce genre de piqûres ; il argua du fait qu’il avait tenu plusieurs fois des araignées dans sa main et que jamais elles n’avaient tenté de le « mordre », contrairement à des guêpes ou autres.
Pourriez-vous nous éclairer et apaiser nos discussions familiales ?


Marie Hélène M.C. (25)

Vous avez tout à fait raison : les araignées sont munies de glandes à venin, dont elles se servent en principe uniquement pour immobiliser et prédigérer leurs proies. Nota : il serait d’ailleurs plus juste de dire qu’elles « mordent », puisqu'elles disposent non pas d'un dard, mais de deux crochets disposés face à face (les chélicères).
Quand les araignées grimpent par erreur sur un être humain, ou que celui-ci les prend sur sa main, pour elles cela n'a bien sûr rien à voir avec un insecte qui bouge (par exemple qui s'agite dans la toile). Notre peau n'est qu'un substrat comme un autre, comme un rocher ou une étagère. Elles n'ont pas de raison de mordre.
Par dessus le marché, face à un gros animal comme l'homme, elles préfèrent en général s'enfuir ou faire le mort. C'est seulement dans le cas où elles sont inquiétées, malmenées, comprimées, qu'elles risquent de faire usage instinctivement de leurs chélicères.
La règle générale est donc plutôt un caractère inoffensif des araignées européennes.
Seule une espèce de nos régions est considérée comme suffisamment dangereuse pour avoir justifié la fabrication d'un sérum antivenimeux : il s'agit de la « Malmignatte » Latrodectus (mactans) tredecimguttatus (une « Veuve noire », comme il en existe dans toutes les régions tropicales et tempérées chaudes du monde). Pas très courante, cette araignée ! Elle a semble-t-il complètement disparu du le Sud de la France (où elle vivait autrefois), et ne vit plus chez nous qu’en Corse. C'est une araignée assez petite, de couleur noire, qui mesure au maximum 1,5 cm de long, et dont l’abdomen est orné d’environ 9 taches rouges ou blanches splendides. Elle fait une grande toile irrégulière et vit plutôt sous les pierres, dans les creux des rochers, à la base des plantes… Il arrive cependant qu'on la rencontre dans des abris créés par l'homme.
En France continentale, on considère donc la quasi-totalité des araignées comme inoffensives.
Quelques très rares autres espèces seraient bien susceptibles de mordre mais elles vivent dans des endroits très peu fréquentés (cachettes dans des caves très humides, trous des vieux murs, roseaux...) où les humains ont très peu d’occasions de les rencontrer*. De plus, répétons-le, elles ne mordent que quand elles se sentent agressées.

D'après les informations dont nous disposons, la douleur si l'on est mordu par l'une de ces araignées serait comparable à celle occasionnée par une piqûre de guêpe - sachant que, comme pour les piqûres d'insectes, les réactions peuvent être différentes d'une personne à l'autre. La meilleure réaction est d’appliquer rapidement de la glace ou de l’eau très froide à l’endroit de la morsure, et de prendre éventuellement un antihistaminique.

Les rares témoignages paraissant dignes de foi parvenus à la Hulotte au sujet de morsures d'araignées qui auraient occasionné des enflures, se comptent sur les doigts d'une main. Ils correspondent à des cas où l'araignée était coincée (dans une botte par exemple) ou sérieusement taquinée (par des enfants faisant des expériences), et avait la possibilité de mordre une partie du corps où la peau était fine (cheville, avant-bras).

Quant aux Zygielles, Tégénaires et Pholcus des maisons (que vous pouvez identifier avec les différents numéros de la Hulotte), elles sont considérées par tous les scientifiques — qui en ont manipulé des centaines — comme incapables de percer la peau humaine.

                 
* Sont citées : la Chiracanthe d’automne (Chiracanthium punctorium), la Domolède (Dolomedes fimbriatus - araignée aquatique), la Ségestie florentine (Segestria florentina - fait un tube de soie dans les fissures des pierres, écorces ou murs extérieurs des maisons), Amaurobius ferox (araignée vivant dans les caves humides), Argyroneta aquatica (l’Argyronète, - voir n° 21 de la Hulotte, araignée-scaphandrier qui réussit à faire une réserve d’air sous l’eau !)