Je tiens à vous faire part de ma propre expérience en ce qui concerne les martinets et leur décollage du sol.
Quand j'étais enfant, j'habitais un petit village au bord de la Loire et il m'est arrivé plusieurs fois, en été, quand nous jouions le soir avec les autres enfants du village, de faire s'envoler des martinets que nous trouvions au sol. Quand cela arrivait, c'était dans de petites ruelles larges de 2 mètres environ, parallèles en direction du fleuve. Les martinets étaient à plusieurs au sol. L'étroitesse des rues y était peut-être pour quelque chose, toujours est-il que nous les lancions en l'air pour avoir le plaisir de les voir s'envoler. Ils ne semblaient pas avoir souffert d' "avaries de vol" comme vous l'évoquez dans votre étude.
Ceci m'est arrivé plusieurs fois, plusieurs années de suite, toujours le soir avant la tombée de la nuit, à l'heure où, d'après votre étude, ils auraient dû être en route pour prendre leur repos dans les ascendances.
Ce témoignage fait pour valoir ce que de droit pour le plus grand profit des curieux des merveilles de la Nature.
André Joulin (58)
 
Cette observation peut sembler contraire à ce qui est écrit dans la Hulotte (et dans la littérature scientifique sur le Martinet), à savoir que "des martinets en pleine forme peuvent sans problème décoller du sol."
Cependant, on peut faire une hypothèse tout à fait plausible, qui a été confirmée par M. Gérard Gory, du Muséum de Nîmes : Tous les indices contenus dans la lettre portent en effet à penser qu'il s'agissait de jeunes ayant manqué leur premier envol. (c'était en été, il y avait plusieurs martinets en difficulté en même temps...) L'étroitesse des ruelles pouvait constituer un facteur de risque, comme le souligne lui-même notre lecteur.
Ces jeunes étaient-ils vraiment en pleine possession de leurs moyens ? Pas sûr. Il est probable qu'ils avaient un poids un peu au dessus de la moyenne au moment de l'envol, d'où leur chute. Ils n'avaient aucune expérience du vol. Sans doute étaient-ils stressés de se trouver là. Quant à l'hypothèse d'un heurt, on ne peut l'exclure, car certains chocs ne laissent aucune trace visible.
Une impulsion vers le ciel était donc salutaire. Ce qui n'est pas contradictoire avec l'affirmation selon laquelle un martinet (sous-entendu adulte) en pleine forme peut décoller du sol.